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le colosse de rhodes

tant dans ce lieu qui aurait dû être austère, on respirait la même atmosphère voluptueuse que dans toutes les autres pièces du palais. C’est que Namourah y passait de longues heures, apportant avec elle les mystérieux effluves de sa langueur et de sa beauté. En ce moment, agitée sans doute par une émotion surhumaine, elle marchait à pas saccadés à travers l’immense salle. De temps en temps elle s’arrêtait pour poser distraitement ses yeux sur un des volumes ouverts, mais sa pensée ne s’y fixait point, sa pensée allait au-devant du jeune mastère au visage brun et lisse, aux lèvres désirables comme un fruit…

Le bruit d’un double pas se répandit dans la galerie des Sphinx qui précédait la bibliothèque. Nul doute, ce devait être lui, Likès, conduit par l’esclave Machaon. Namourah se dressa toute dans un brusque mouvement de triomphe ; puis elle composa son visage et mit sur ses traits une expression paisible. Quand Likès entra, il la vit onduleuse et nonchalante, assise sur un siège bas. Elle le salua de la main et lui montra un autre siège un peu plus élevé,