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le colosse de rhodes

la petite Veuve-gardienne que Likès voyait se mêler dans les vapeurs de son insomnie. Par une coïncidence bien faite pour le troubler, il devait le lendemain les rencontrer l’une et l’autre. Comment se tirerait-il de ce double rendez-vous ? Depuis longtemps il avait promis à Lyssa d’aller la rejoindre ce jour-là dans le jardin du temple, et Namourah, la veille, lui avait demandé de venir au palais ; or, c’était là un ordre auquel il ne pouvait se soustraire. Savait-il, d’ailleurs, ce que Namourah avait à lui dire ? Qu’elle l’aimât, qu’elle eût tout au moins un secret penchant pour lui, cela, il ne pouvait guère en douter ; mais la Juive tyrienne était assez habile, assez consommée dans l’art de conduire les hommes, pour mêler des considérations d’un autre ordre, et Isanor lui-même, à cette intrigue dont il voyait déjà se dessiner les premiers linéaments. Que ferait-il alors, et quelle attitude prendrait-il ? Trahirait-il Lyssa, et, tout en la conservant pour maîtresse, se laisserait-il séduire par les charmes, par les parfums de la belle Juive ? Un peu de honte lui venait à cette pensée. Il fermait les yeux et