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le colosse de rhodes

l’île sacrée, et cette fois nous quittons le pays des enchantements. Nous allons passer près d’un îlot que tous les Romains connaissent au moins de nom : c’est celui où Rhodes, d’accord avec vous, fit transporter, il y a vingt ans, le petit Ptolémée Épiphane à qui Philippe et Antiochus voulaient enlever son royaume d’Égypte. Sous votre protection et sous la nôtre, l’enfant royal a vécu quelque temps dans un palais en miniature dont tu peux apercevoir les colonnes légères. Tout autour, des sources chaudes jaillissent, et les grands chiens de Milet, qu’il s’amusait à atteler à son char, rôdent encore autour de la demeure que gardent seulement aujourd’hui trois esclaves.

On voyait en effet se dessiner parmi l’entrelacs des arbustes l’architecture délicate de ce palais, bâti pour soustraire l’héritier des Pharaons au plus inique des complots. Flaminius hocha la tête et regarda longuement Pausistrate. Mais déjà le pentécontore avait doublé la pointe extrême du rivage de Rhodes sous le ciel rougeoyant du crépuscule. Likès n’avait pas quitté Namourah. Leurs yeux avaient reçu les mêmes images ;