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le colosse de rhodes

Pausistrate, car ils ont la réputation de chérir l’or plus que tout au monde. Mais quelle merveilleuse douceur est répandue sur ces rivages ! Ceux qui y vivent doivent forcément s’amollir.

— Pas tous. Regarde ces deux îles jumelles que relie un pont de bois taillé dans de l’olivier ; elles sont habitées, l’une par des pêcheurs, l’autre par des laboureurs, et toutes deux sont consacrées à Neptune-Panoptis dont la statue de pierre s’élève auprès d’une charrue à l’avant de laquelle est placée une proue, — si bien que le dieu en ouvrant le sol semble naviguer. Chaque année la statue protectrice est transportée d’une île à l’autre ; et laboureurs et pêcheurs, se prenant par la main, dansent et chantent autour d’elle. Ils sont heureux. Rhodes reçoit d’eux une dîme abondante de poissons et de grains.

Le navire avançait toujours à travers les îles embaumées. Un souffle tiède agitait la mer de mille petites rides frémissantes. Les matelots avaient ralenti le rythme de leurs rames. Eux aussi jouissaient de cette magique douceur qui sur le visage austère