Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
le colosse de rhodes

longtemps la Guerre Sociale les avait opprimés et affaiblis ; c’était leur tour maintenant de devenir les maîtres et de posséder l’empire des mers, cette « thalassocratie » que les Phéniciens et les Grecs s’étaient si âprement disputée au cours des siècles. Que leur manquait-il pour cela ? Une ville, rien qu’une ville maritime assez vaste pour leur dessein. Ils la construiraient. Elle serait plus puissante et plus riche qu’Halicarnasse et que Tyr, où les maisons érigeaient leurs façades de dix étages à côté des temples de cèdre consacrés à l’adoration d’Hercule-Soleil. Et, eux aussi, ils auraient leurs héliades et leurs mages. Le culte du dieu nouveau, dans la capitale glorieuse, remplacerait, ou plutôt absorberait en lui seul celui de tous les dieux anciens. L’antique Minerve de Lindos, la Minerve aux yeux bleus des profonds mystères, et la Junon telchinienne de Ialysos, et la Vénus de la blanche Camire, et même le Jupiter trois fois sacré du mont Atabyrion, tous ils céderaient la place à l’Hercule divin qui deviendrait l’emblème de leur force et de leur génie.