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le colosse de rhodes

sorte que ses beautés étaient toutes visibles. Les cent statues du Soleil émergeaient du chaos des maisons, et l’on apercevait la silhouette énorme du Colosse qui gardait l’entrée des ports. Le lieutenant romain sentit un frisson traverser ses os. Il n’avait pas rêvé une pareille grandeur. Ses sourcils étroits se froncèrent, en même temps que son visage pâlissait un peu. Mais bientôt il réprima ce mouvement de jalousie : Si Rhodes était si belle, si Rhodes était si puissante, tant mieux ! Son aide n’en serait que plus efficace, et la conquête rêvée en Asie n’en serait que plus rapide. Le char volait sur la route, suivi d’autres chars nombreux qui portaient le navarque et les mastères. On se rendait au Promontoire de Pan où les navires nouvellement construits allaient être lancés à la mer. C’était un lieu sauvage à peu de distance de la capitale, du côté de l’Occident. Une langue de terre étroite s’avançait au milieu des flots, et doucement se terminait en eux avec son fouillis d’arbustes, de plantes marines et de sauges vivaces. Aujourd’hui la hache s’était promenée à travers ce rivage, et l’avait laissé