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le colosse de rhodes

d’hommes. Mais un peu plus loin, un sanctuaire avait été élevé à Hercule. C’était là désormais que les éphèbes vainqueurs venaient recevoir leurs couronnes. Le culte de la Force remplaçait là aussi celui de l’Idée. La blanche Camire sur ses épaules d’argile avait jeté le manteau du lion.

Or Lyssa connaissait bien ce sanctuaire, et, chaque mois, elle y venait tresser les couronnes de peuplier dont elle choisissait les branches les plus souples ; d’un vert très sombre ou d’un blanc argenté, selon que le vent inclinait ou relevait leur feuillage, ces branches de l’arbre consacré à Héraclès symbolisaient le jour et la nuit, les ténèbres et la lumière. Les jeunes prêtresses les touchaient avec respect : n’était-ce pas le dieu solaire qui déterminait le travail des sèves, qui fécondait sans cesse la nature, qui animait, qui embellissait les forêts, les vergers et les plaines ? Chaque plante, chaque brin d’herbe avait sa vertu secrète, sa puissance inconnue et redoutable. Une fleur vénéneuse pouvait donner la mort ; une autre recélait une énergie abondante sous les plis de sa corolle. Tout