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le colosse de rhodes

feu sur ta chevelure. Va te reposer ; je veillerai à ta place auprès du trépied sacré.

— Non, dit Lyssa, il faut que je prie, il faut que j’implore Héraclès, que je le conjure de m’être propice. Dornis, un grand bonheur m’est venu. Je te conterai cela quelque jour. Mais avec le bonheur est entrée en moi la crainte. Les astres que j’aimais tant à consulter autrefois, les belles demeures du Soleil, la splendeur des hôtelleries célestes où se repose dans sa course le dieu Zodiacal, tout cela maintenant me comble d’effroi. Je voudrais pouvoir ne contempler que la terre. La terre est douce, elle est maternelle et humaine. Le ciel est peuplé de signes terribles.

— Tais-toi, fit Dornis en lui mettant la main sur ses lèvres. Si l’amour te possède, qu’il te laisse au moins le respect des divins symboles. Oui, tu as raison de vouloir prier. Je me prosternerai avec toi, Lyssa, et je joindrai mes supplications aux tiennes, pour que ton bonheur ne soit pas éphémère comme les roses, comme les fumées du soir.

Elle descendit les degrés de la terrasse.