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le colosse de rhodes

— Je vois un petit trapèze de feu qui se balance dans l’espace. Il scintille et parfois cesse de luire comme des yeux qui se fermeraient tout à coup. Oh ! Dornis, je ne l’avais jamais aperçu encore ! Pourvu qu’il ne porte pas avec lui un avertissement funeste ?

— Moi, je le connais, dit Dornis gravement ; c’est un des trente-six Décaus voués aux divinités inférieures. Ne le regarde pas trop longtemps, Lyssa. Contemple plutôt l’astre de Vénus qui vient de surgir derrière les hauteurs du mont Philerme. Quel éclat ! Quelle sérénité ! On dirait une nacelle d’or voguant sur les flots.

— Regarde ! Regarde ! interrompit Lyssa en se cambrant en arrière, regarde le petit trapèze de feu qui jette maintenant des étincelles. Le vide s’est fait à l’entour. Toutes les étoiles paraissent éteintes. Et lui, ne va-t-il pas s’obscurcir aussi ? Le ciel alors deviendrait un lac de ténèbres.

— Calme-toi, Lyssa, ce n’est rien. Tes yeux sont éblouis, et tu ne distingues plus les constellations sans nombre. Puis ta main est brûlante et je respire l’odeur du