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le colosse de rhodes

La vibration de ses paroles se perdit dans les vapeurs que la nuit promenait autour d’elle. Maintenant la ville s’enveloppait de ténèbres, et, dans le ciel, les constellations innombrables se levaient, éclairant les plages immenses de l’infini. Les deux jeunes femmes restèrent un instant silencieuses. Habituées à interroger les astres, elles cherchaient à y découvrir les secrètes concordances de leurs destinées avec cet Esprit universel et unique, qui a réglé d’avance les moindres gestes des dieux eux-mêmes, comme le leur avait enseigné Stasippe. Tous ces foyers brillants, suspendus dans l’azur sombre, leur parlaient un langage compréhensible mais difficile, qu’elles traduisaient selon leurs craintes ou leurs désirs. Et souvent il arrivait que ces pressentiments étaient justes et que ces présages se réalisaient.

— Que vois-tu, toi, Dornis ? interrogea Lyssa au bout d’un instant.

— Je vois une double étoile qui chemine vers l’Occident. Elle semble vouloir entraîner les autres astres disséminés sur son passage. Et toi, Lyssa, que vois-tu ?