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le colosse de rhodes

du Styx dans les campagnes voisines pour en diminuer la fertilité ; ils savaient des formules secrètes qui rendaient les hommes impuissants et les épouses stériles. Et maintenant encore quelques survivants de leur race pratiquaient, disait-on, les mêmes sortilèges. Aussi nul ne passait devant l’autel qu’ils avaient élevé sur ce plateau du mont Philerme sans effeuiller des couronnes, ou sans déposer une offrande, afin d’apaiser le courroux de leurs nymphes protectrices.

Likès et Lyssa s’étaient approchés. Sous un noyer, poussé seul de son espèce en ces parages, une source bruissante coulait : son jet clair se faufilait entre les deux tambours des colonnes qui soutenaient la pierre de l’autel, et il emportait avec lui un amas de petits coquillages nacrés, roses et verts, mêlés à du sable fin. Pourtant la mer était loin, et c’était à peine si de ces hauteurs on entendait son perpétuel murmure. Mais la petite source, qui plus tard devenait torrent, courait à elle, se hâtait de se perdre en elle, se souvenant du temps où l’île tout entière était ensevelie dans ses abîmes…