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le colosse de rhodes

— Allons à l’autel des Nymphes, dit Lyssa, devenue grave soudain.

Ils marchèrent l’un à côté de l’autre sans se toucher. Pourtant leurs pas s’accordaient au même rythme, et ils sentaient bien que leurs cœurs étaient unis. L’autel, qui reposait sur deux colonnes cannelées, était orné d’une frise où couraient des têtes de chèvres aux cornes entourées de feuillages ; une inscription tracée avec le stylet sur la pierre rappelait aux passants qu’il était dédié aux Nymphes Telchiniennes de Ialysos. De ce plateau, d’ailleurs, on apercevait le bourg de Ialysos, qui avec Lindos et Camire avait été une des trois cités puissantes de l’île avant que la capitale nouvelle eût absorbé toutes les forces vives des Rhodiens. Et plus haut, la forteresse d’Ochyrème, démantelée mais solide encore sur sa base, témoignait de son passé glorieux. Toute cette contrée avait été habitée pendant un siècle par une colonie de Telchines, venus de Crète, qui y avaient laissé des traces de leur génie maléfique. Partout à l’entour ils avaient répandu leurs enchantements ; on les accusait d’avoir fait jaillir les eaux noires