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le colosse de rhodes

— Tant que tu m’aimeras, cher Likès, reprit Lyssa en le regardant ardemment, je ne redouterai rien du sort.

Likès avait pris le bouquet de roses et cherchait à en respirer le parfum. Mais l’odeur brûlante des térébinthes et des mastics empêchait ses narines de percevoir la douce senteur ; et, sans qu’il le voulût, par un ressouvenir de ses sens, il pensa tout à coup à Namourah, autour de qui flottaient les mêmes odeurs brûlantes ; un geste d’impatience lui fit jeter les roses loin de lui.

— Oh ! Likès ! fit Lyssa avec un accent de reproche.

Et, ramassant les fleurs une à une, elle se mit à pleurer.

— Tu pleures, Lyssa ! est-ce possible ? Essuie tes larmes, je t’en conjure. Comment peux-tu te chagriner pour un mouvement dont je n’ai pas été maître ? Qu’importent d’ailleurs ces fleurs éphémères que tu as cueillies aujourd’hui, qui seront fanées demain ? C’est toi que je veux respirer tout entière, ta chevelure qui filtre les arômes de ton corps.