Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
le colosse de rhodes

ce corps docile qui se pliait comme un roseau sous son étreinte. Maintenant il ne rêvait plus le soir à des choses mélancoliques. L’image de Lyssa veillait avec lui, et le souvenir de leurs heures d’ivresse lui donnait une joie virile et forte.

Pourquoi aujourd’hui tardait-elle tant à venir ? Il aurait voulu l’avoir à lui sans réserve dans l’enchantement de cette matinée de printemps où l’amour semblait renaître avec les tendres feuillages. Aujourd’hui tout le monde était libre, tout le monde était joyeux. Tout le monde « hirondellisait » comme les enfants qui de porte en porte allaient chanter la chanson des hirondelles. Cette chanson avait été composée dans des temps très vieux par le grand Cléobule de Lindos ; et elle était devenue si populaire qu’il n’était pas une bourgade de l’île où on ne la chantât lorsque la sève nouvelle faisait éclater les premiers bourgeons. Likès se souvenait de l’avoir répétée souvent lorsqu’il était petit. Et le refrain voltigeait encore sur ses lèvres : « Que le doux Éros vous protège ! Que l’abondance règne sous votre toit ! »

Enfin Lyssa parut dans le bois de mastics