Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
le colosse de rhodes

amants. Des fleurs suspendues en guirlandes ornaient chaque maison où l’amour était entré, et du myrte jonchait les rues, le myrte cher à Vénus, dont les petites baies noires et rouges s’écrasaient en exhalant leur parfum sous les sandales des passants. Dehors, on ne voyait que de frais visages ; des couples récemment unis ne craignaient pas de laisser paraître leur tendresse ; et quelquefois deux jeunes filles enlacées, le front couronné de violettes, suivaient lentement les sentiers capricieux qui conduisaient aux pentes du mont Philerme.

D’ailleurs, beaucoup de ces hymens ne duraient qu’un jour. Une rencontre, un salut échangé, un sourire, c’en était assez pour que dans le printemps joyeux un nouvel amour fût éclos. Il fleurissait, puis s’effeuillait avant les ombres du soir. Mais qui donc eût osé laisser passer les Kélidonies sans les marquer par la libation féconde du baiser ?

Likès et Lyssa s’étaient donné rendez-vous dans un endroit isolé qui se trouvait à quelques stades de la ville, entre le bourg d’Ochyrème et celui de Ialysos. Là ils pourraient se rejoindre sans risquer d’être aper-