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le colosse de rhodes

navire, comme on gouverne un coursier rapide, docile au mors. En passant dans le parti ennemi, Polyxénidas s’était vengé de n’avoir pas grandi assez vite. Et ce Rhodien déserteur inquiétait davantage le navarque que toute la puissance légendaire du roi de Syrie.

Quand les mastères se furent retirés et que le peuple enthousiaste et parlant haut se fut dispersé sous les Stoa, Pausistrate prit le chemin de l’Arsenal. Le palais d’Isanor, revêtu d’une couche de carmin comme le reste des bâtiments, mais se détachant sur l’ensemble par la sveltesse de ses tourelles, miroitait devant ses yeux. Et le Colosse, entre l’Étable et le Grand Port, semblait plus formidable que jamais, dressé, devant l’étendue sans fin de la mer.

Sous le portique de la Deigma, le navarque s’arrêta un instant. Une rumeur incessante en sortait. Des voix innombrables, dont on ne distinguait aucune, mais qui formaient un bruit pareil à celui d’une forge où tous les marteaux frappent à la fois sur l’enclume, des voix qui parlaient toutes les langues,