Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
le colosse de rhodes

déesse vivait certainement au milieu d’eux ; certainement elle leur communiquait un peu de son âme.

Il y eut un silence ; le vieil artiste regardait son chef-d’œuvre, et Likès regardait Lyssa. À la lueur onctueuse des lampes, elle avait repris son visage d’enfant, et ses cheveux tirés sur ses tempes en deux bandeaux lourds augmentaient son air candide. Mais il la sentait près de lui passionnée et avide de caresses. Il osa dire à Praxitas :

— Nous n’avons faim, ni l’un ni l’autre ; ne t’inquiète donc pas de nous donner à manger. C’est plutôt de sommeil que nous avons besoin, ma petite compagne et moi.

Praxitas sourit et ne répondit pas. Dans la partie obscure de la chambre se trouvait une consolette chargée de fruits, sur laquelle reposait une longue aiguière d’argent. Il se dirigea de ce côté et fit signe à Likès de le suivre :

— Tu es ici chez toi avec ton épouse. Voici des figues, des dattes fraîches et des olives de nos oliviers dont on dit qu’elles sont supérieures en qualité à celles de l’Attique. Voici dans cette aiguière du vin vieux