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le colosse de rhodes

deux jeunes gens causer à voix basse, et, sortant d’une chambre voisine, taillée également dans le roc, il marchait vers eux comme un fantôme d’outre-tombe. Il portait une longue simarre de lin, et sur sa tête une petite calotte qui retenait les boucles de ses cheveux blancs. Ses mains maigres répondaient à son visage expressif, anguleux, plein d’animation et de finesse. Dans la pénombre ses yeux vifs et brillants se posèrent d’abord sur le visage de Lyssa.

— Qui es-tu, jeune étrangère ? lui dit-il, et quelle prière viens-tu adresser au dieu ? Ne sais-tu pas que depuis longtemps ce sanctuaire ne reçoit plus d’adorateurs ? Bacchus-Thionée, le glorieux inspirateur des artistes, a été supplanté par le dieu du sang et de la chair, par l’Hercule de Phénicie qui ne fut qu’un homme avant d’avoir été porté sur les autels. Maintenant, tu le vois, il n’y a plus ici que des ruines. Et je suis le dernier à effeuiller des roses dans cette demeure abandonnée.

Il releva la tête, et tout à coup reconnut Likès :