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CLÉOPÂTRE

maturée le crime d’appartenir à une race et à un art étrangers à l’Égypte. Au lieu de la beauté tranquille et régulière des figures hiératiques, ils avaient la tête osseuse, les yeux petits, les pommettes saillantes, les lèvres épaisses des guerriers chaldéens ; la crinière des lions d’Assyrie s’étalait en nappes lourdes sur leurs épaules. Un mystère était en eux qu’augmentait encore la mutilation de leur visage ; ces faces dont le nez avait été écrasé à dessein défiaient l’investigation de la pensée ; leur expression restait problématique, perdue tout entière dans cette trouée des fosses nasales, à travers laquelle on cherchait vainement à reconstituer l’harmonie disparue des traits.

À l’entrée du Temple de l’Est, élevé par Ramsès II à Phta, la Souveraine Lumière, deux colosses énormes se contemplaient orgueilleusement. C’était d’abord la statue en granit rouge d’Amenemhat I ; le roi, assis et les mains allongées sur les genoux, dressait sa tête puissante que recouvrait une mitre oblongue ; ses oreilles, placées très haut, débordaient en relief sur la coiffure comme deux coquilles univalves ; et ses yeux proéminents, les yeux