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CLÉOPÂTRE

Ptolémée Philadelphe enfin, avaient tour à tour étudié et poursuivi la gigantesque entreprise. Pendant un espace de plus de vingt siècles, des millions de bras humains avaient par intervalles creusé le sol sablonneux de l’isthme, des millions d’existences humaines étaient descendues dans des profondeurs que le travail accompli rendait chaque jour moins accessibles.

Faire aux ondes tumultueuses de la Méditerranée un lit assez large pour qu’elles pussent y tenir à l’aise n’était pas chose facile ; d’autre part, il fallait éviter que les eaux de la Mer Rouge, dont le niveau était de trente pieds plus élevé, ne vinssent s’engouffrer dans le canal, dont elles seraient sorties pour tout submerger autour d’elles. Mais ni la patience des Pharaons ni le génie des Ptolémées ne devaient se rebuter à ces obstacles ; avec un art étonnant et après bien des essais successifs, ils arrivèrent à imaginer un système de barrages mobiles qui permit de livrer passage aux gros vaisseaux sans que le péril de l’inondation fût à redouter.

Des richesses considérables, venant des lointaines métropoles de l’Asie, étaient par ce moyen déversées dans le royaume : les toiles