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CLÉOPÂTRE

qu’on s’expose à être tué pour Cléopâtre ? Puis, quand je me serai brisé les reins à transporter ses vaisseaux, tu partiras avec elle là-bas et tu passeras ta vie à te rouler à ses pieds, et à respirer les parfums de sa chair méprisée. Tiens ! je vous hais, toi, elle, et tout ce qui vous touche. »

Il pantelait, aplati à terre, le front sur les dalles. La Libyenne, sans lui répondre, se dirigea vers la porte ; mais il la saisit par les pans flottants de son écharpe. Il sentait que, s’il la laissait s’éloigner ainsi, elle lui échapperait sans retour, et que, s’il ne lui disait pas maintenant, dans le flot montant de sa colère, tout ce qu’il avait de passion au cœur, il ne pourrait jamais le lui apprendre.

« Écoute-moi, supplia-t-il, j’ai menti tout à l’heure ; il n’est pas vrai que ma pensée t’ait maudite. Je t’aime et toute ma vie t’appartient. »

Il cherchait à contenir les hoquets tumultueux de sa gorge et parlait maintenant à voix basse.

« Comment as-tu été assez aveugle pour ne pas le voir, assez indifférente pour ne pas le sen-