Page:Bertheroy - Cleopatre.pdf/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
CLÉOPÂTRE

préféra calmer l’agitation de sa pensée en continuant de marcher en tous sens.

Machinalement ses yeux se fixaient sur les naïades de marbre blanc qui émergeaient devant lui de l’eau limpide. Elles renversaient leurs torses nus sous les caresses brûlantes du soleil. Les rayons de l’astre ardent leur entraient dans les yeux, s’enfonçaient dans leurs narines, les baisaient à la bouche, animaient d’une apparence de vie les méplats luisants de leurs faces. À chaque fois que le Psylle passait, les jeux capricieux de la lumière leur donnaient une expression différente.

Taïa arriva enfin ; et de très loin il la vit s’avancer entre les colonnes régulières des arbres ; elle marchait lentement, paraissant ignorer la longue attente dont elle avait été l’objet. D’un mouvement irréfléchi Kaïn s’était pelotonné derrière un massif de lentisques ; c’était le caractère particulier à sa race qui ressuscitait en lui tout à coup, l’instinct qui poussait le Psylle à se dérober à la vue de la femme qu’il convoitait — comme au passage du serpent qu’il guettait naguère parmi les hautes herbes, dans les plaines onduleuses de la Syrte.