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CLÉOPÂTRE

que la cornaline ; ses feuilles sont serrées et bariolées comme l’agate ; son bois est de la couleur du jaspe vert ; ses grains sont comme le tamaris ; son ombre est fraîche et éventée de brise :

— Ô ma souveraine, ô ma sœur, viens ! Passe un instant ici au milieu des jeunes femmes. Le verger est dans son beau jour ; les gouverneurs des domaines se réjouissent et tressaillent de plaisir à ta vue ; tes esclaves défilent en ta présence, armés de leurs outils, grisés de leur ardeur à courir vers toi. Les serviteurs viennent avec leur appareil, apportant de la bière et toutes sortes de pains mêlés, des plantes nombreuses et tous les fruits plaisant à tes lèvres, matin après matin, trois jours de suite.

— Ô souveraine, ton maître est assis à ta droite : fais ce qu’il veut ; enivre-le selon son désir ! La salle où l’on boit est bouleversée par l’ivresse. Soulève ton voile sans crainte ; moi, j’ai le sein fermé ; mes yeux ne diront pas ce qu’ils ont vu et ma bouche gardera le silence. »

Elle se tut. De nouveau les coupes avaient été remplies et vidées ; d’autres musiciens