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CLÉOPÂTRE

La vie est courte, la mort proche ;
Buvons ! Et bientôt sans reproche
Nous combattrons jusqu’au dernier.
Que peut-on regretter sur terre
Quand avant d’affronter la guerre
On a vécu son rêve entier ?

Un tumulte indescriptible suivit ces couplets. Antoine était bien à ce moment-là redevenu l’idole de ses soldats et le maître du peuple.

Seul, pendant cette scène de triomphale joie, Paësi était demeuré muet ; ses bras pendaient immobiles sous les plis de l’éphod que retenait à sa taille une splendide ceinture de fin lin ; sur sa poitrine aussi immobile que celle d’un dieu de granit, le zodion saint étincelait.

Antoine l’interpella :

« Eh bien ! respectable Paësi, ni les vins capiteux du Massique ni les liqueurs ambrosiaques dont Cléopâtre n’a donné le secret qu’à une seule de ses esclaves n’ont donc pu réussir à te dérider ? Te voilà aussi renfrogné que si tu avais pour tout souper des macres arrosés d’eau du Nil, — la plus savoureuse, dit-on, qui soit au monde, ce que j’ignore, n’en ayant jamais goûté. »