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CLÉOPÂTRE

déjà donné des gages de servitude à Octave Auguste[1].

Tous ces gens s’étaient amassés sur le rivage ; soudain un immense cri de joie sortit à la fois de leurs poitrines ; ils venaient d’apercevoir, quittant le port royal d’Alexandrie, la trirème d’or de Cléopâtre et d’Antoine qui arrivait lentement, laissant derrière elle un immense nuage bleu, la fumée de l’encens brûlé à la poupe.

À mesure que l’embarcation se rapprochait, les acclamations augmentaient. Quand elle fut près d’aborder, ce devint du délire ; les cris de la multitude couvraient le chœur des musiciens qui s’étaient rangés pour faire cortège à la nouvelle Isis et au fils d’Hercule.

Revêtue de la robe isiaque, Cléopâtre s’avança. L’image de l’urœus sacré ombrageait son front ; ses yeux, dont la couleur était changeante, regardaient loin devant eux ; ils semblaient refléter l’infini des flots et les abîmes plus insondables encore de son cœur.

Sur son passage, les choristes psalmodiaient

  1. Dion Cassius, LI.