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CLÉOPÂTRE

des Grecs au chantier du Sebasteum ; aussi s’attendait-il à une parole affectueuse, ou tout au moins à un regard ; mais Taïa passa sans faire attention à lui, indifférente comme toujours à ce qui n’était pas Cléopâtre.

Pourtant il était resté agenouillé, tenant encore dans sa main la chaîne d’argent et ses yeux s’étaient fermés à demi, comme s’il cherchait à retrouver au dedans de lui-même la trace lumineuse d’une vision aimée.

Il ne resta pas longtemps plongé dans ce recueillement ; de toutes parts des embarcations arrivaient, portant les musiciens, les chanteurs et la foule du peuple. D’autres barques, des pacton[1] en forme de radeaux faits de joncs tressés, amenaient la milice d’Alexandrie et les soldats d’Antoine ; ils se tenaient debout, serrés les uns contre les autres, sans s’inquiéter de l’eau qui baignait leurs pieds, très excités par l’appât du festin et aussi par la joie de revoir leur chef. Plusieurs s’étaient échappés de Parœtonium, désobéissant aux ordres de Cornélius Gallus qui avait

  1. Voir note justificative no 17, p. 301.