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CLÉOPÂTRE

d’œil les milliers de lampes et de flambeaux s’allumèrent. Alors ce fut un éblouissement. De tous les côtés de la salle, des jets de lumière partaient et allaient se briser aux aiguilles évidées des stalactites de topaze qui les renvoyaient colorés, selon la diversité de leurs rayons, en fusées de toutes les nuances du prisme. À la voûte, les étoiles de rubis et de saphir fulguraient, faisant courir des météores à la surface polie des vaisselles, noyant des soleils au fond des coupes d’or brillant. Les anneaux de sardoines, les lunes d’opale se réfléchissaient sur les immenses plats d’électrum, les émeraudes incrustées dans les portes croisaient le miroitement de leurs feux à travers le col cristallin des urnes.

Maintenant tout était prêt. Kaïn, après avoir jeté un dernier coup d’œil sur l’ensemble des tables, traversa l’île pour aller au-devant de la foule. Taïa était attendue la première, précédant le chœur des musiciens qui allaient saluer Cléopâtre et Antoine à leur arrivée ; elle-même, après le festin, devait chanter au son des harpes ; et ce n’était pas un des moindres attraits de la jeune Libyenne que cette voix pure et sonore