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CLÉOPÂTRE

vots multicolores ; un papillonnement de doliques aux légères fleurs violacées caressait d’un battement d’ailes les jambes graciles et nues des deux jeunes divinités.

Au milieu, une immense pièce d’eau, ou plutôt un lac, étendait sa nappe transparente sillonnée de minces canots en terre cuite[1], dans lesquels les hôtes royaux d’Alexandrie venaient se reposer et s’endormir parfois aux heures brûlantes du jour. Toute une végétation aquatique, la flore mystique de l’Égypte, s’élançait des fraîches profondeurs de ce lac et du recueillement de ses sources. La gloire liliale des lotus s’y épanouissait à l’aise dans sa triple transformation[2] : le lotus bleu, emblème d’Osiris, le dieu Père, première personne de la Trinité hermétique, se balançait au moindre souffle de l’air en un mouvement rythmique d’encensoir ; le lotus blanc, nymphée virginale consacrée à la chaste Isis, tremblait au sommet de sa tige ; enfin le lotus rose, le nymphea nelumbo, évasé en ciboire, offrait à la consécration solennelle des nuits ses fèves sacrées,

  1. Voir note justificative no 6, p. 287.
  2. Voir note justificative no 7, p. 289.