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CLÉOPÂTRE

les rayons bleuissants de la lune. C’étaient d’abord les bouleaux argentés, les acacias épineux que de mystérieux frémissements agitaient, alors qu’autour d’eux toutes les autres essences paraissaient dormir du sommeil recueilli des plantes.

Des gerbes bleues de galegas et des touffes rose-mourant de valériane émergeaient çà et là des pelouses épaisses faites de saxifrages et de statices gazonneux. Des ricins géants aux feuilles très amples couvertes d’une pruine blanchâtre luisaient comme des miroirs de métal, tandis que les hautes hampes des balisiers lactescents pointaient droit vers le ciel leur pavillon de verdures.

Autour des plates-bandes, encerclant étroitement les massifs, couraient les grappes étoilées des nycteris selagines dont les fleurs violettes ouvraient aux approches de la nuit leurs pétales ciliés de jaune qui exhalaient une suave odeur de vanille. Dans des triangles, semblables à une éclosion d’insectes bizarres, des orchidées, transportées à grands frais des Indes, étalaient le luxe éclatant de leurs corolles variées à l’infini. Là se trouvaient des