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CLÉOPÂTRE

nuance plus claire. Les yeux, d’une limpidité parfaite, brillaient sous l’auréole des cheveux bouclés ; les dents, petites et écartées comme celles d’un enfant, luisaient à travers les lèvres souriantes ; le nez seul, par ses arêtes fermement dessinées, mettait dans la grâce juvénile de ce visage — si soigneusement rasé qu’on y cherchait encore le duvet de la première jeunesse — une note volontaire et puissante.

À sa venue, Cléopâtre n’avait pas bougé du trône sur lequel elle était assise. Déjà indifférente à tout ce qui l’entourait, elle se recueillait pour la mort ; ainsi elle était si parfaitement belle, si pareille à une divinité, que pour la première fois Octave se troubla en l’abordant. Mais ce fut là un écart de sa volonté à peine sensible ; avec une aisance parfaite il s’inclina profondément devant la reine ; il affecta même de lui donner le titre qu’elle préférait :

« Nouvelle Isis, tout est prêt pour le départ ; vos serviteurs sont à vos ordres, et moi, le premier d’entre eux, j’attends votre bon plaisir. »

Il avait dit cela avec une sincérité si bien jouée qu’un instant la reine se demanda si tout