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CLÉOPÂTRE

ceux des hommes et ses caresses ont certainement quelque chose de plus excellent ; c’est lui qui calmera les brûlures de ma chair. Je l’aime d’un amour mystique et complet.

« Tu ne sais pas combien je l’aime, ajouta-t-elle en s’animant davantage. Toute petite, je rêvais de la fraîcheur de ses enlacements. Plus tard, chaque fois que j’allais au temple pour accomplir mes fonctions de Grande Prêtresse, je l’apercevais dans sa barque qui se dressait à demi et me fascinait de ses deux yeux clairs, — tellement que je tremblais parfois en prononçant les paroles du sacrifice. Le soir, quand au bras d’Antoine je passais au pied du Serapeum, je l’entendais siffler avec douceur comme pour m’appeler à lui, et je tressaillais involontairement. Il a été mêlé à toute ma vie. J’ai porté son image sur mon front comme l’emblème de ma splendeur. C’est par lui seul que je veux mourir. »

Cette fois, Taïa avait compris : c’était le grand urœus du Serapeum[1], gardien des traditions occultes de l’Égypte, qui allait être le

  1. Voir note justificative no 45, p. 354.