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CLÉOPÂTRE

de l’autre sur les nappes grises du lac Maréotis, au delà des longues avenues de colonnes que renfermait la double enceinte d’Alexandrie.

« Écoute, Taïa, lui dit-elle, — je me meurs : un ennui profond me monte des choses. Oh ! cette Égypte avec ses sphinx éternellement muets, ses syringes éternellement désertes, ses barques monotones qui glissent silencieusement sur les eaux du Nil, je la hais ! Elle me pèse, elle m’étouffe ! Je voudrais m’en éloigner pour toujours. »

La jeune fille ne répondit point. Cléopâtre étendit ses deux bras nus dans la direction de l’Occident :

« C’est là qu’est la vie ! reprit-elle ; l’Orient n’est plus qu’un tombeau, le tombeau des vieilles dynasties mortes et des antiques gloires éteintes. »

Un profond soupir soulevait sa gorge ; maintenant ses doigts fébrilement effeuillaient les larges pétales des roses d’Asie qui débordaient aux balustres de la terrasse.

Taïa osa dire :

« Nouvelle Isis, je ne puis comprendre vos paroles. La grande souveraine qui n’a qu’un