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CLÉOPÂTRE

perdus dans une pensée vague, il continua de lui parler avec ferveur, toujours agenouillé devant elle, inclinant la tête, — et la pointe de son haut bonnet recourbé venait par instants caresser les doigts allongés de Cléopâtre. Les moyens de mourir ne manquaient pas ; il en connaissait un grand nombre, depuis le poison qui tue sans laisser de traces, jusqu’au poignard enfoncé en plein cœur. Il les énumérait tous, la pressant de choisir, faisant valoir, comme un joaillier une pierre précieuse, les facettes de chacune de ces délivrances finales, dans lesquelles la vie se multipliait avant de s’éteindre. Certes il y avait une science de la mort, comme une science de la volupté ou de la douleur ; et lui, prêtre et hiérophante suprême, il en avait étudié tous les raffinements.

D’abord il insista pour un parfum très subtil, dont il possédait une amphore. Respirer une fois ce fluide suffisait pour que l’âme perdît la conscience d’elle-même et se retrouvât, libre de toute entrave, dans la demeure où elle subsistait éternellement.

Mais, comme la reine secouait la tête sans