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CLÉOPÂTRE

« Tais-toi, prêtre, tais-toi. Tu mens ! Il y a un instant encore Octave était là, à mes pieds, m’offrant son amour et m’assurant le partage glorieux de l’Empire. Pourquoi m’aurait-il trompée ? Il m’aime comme Jules César et Marc Antoine m’ont aimée. — Ne suis-je pas assez belle pour cela ? »

Le prêtre, sans répondre à cette apostrophe véhémente, continua :

« Verra-t-on cette honte flageller l’Égypte en la personne de sa souveraine ? Déjà tout est préparé. J’ai entendu les ordres donnés par le jeune Imperator : l’illustre fille des Lagides, la descendante des Pharaons servira de risée à la tourbe romaine, et la fumée des outrages de tout un peuple flétrira celle vers qui n’avait cessé de monter l’encens des adorations. »

Il s’agenouilla sur un coussin devant elle, comme devant une divinité

« Crois-moi, lui dit-il très doucement, tout est préférable à une pareille ignominie ; et la mort est bonne à ceux qui savent l’appeler. Laisse à ton prêtre le soin de te dérober aux outrages de César. »

Comme elle ne répondait pas, les yeux