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CLÉOPÂTRE

tout cela ! Mensonges ! L’éternité, vois-tu, elle est encore là tout entière, en fermentation dans mon sein ; et, quand tu crois l’avoir saisie au baiser de ma bouche, moi, je la sens encore qui m’étouffe et qui m’embrase. »

Et, comme à la morsure d’une inextinguible flamme, elle portait à sa poitrine ses deux mains nouées.

Antoine détourna tristement la tête. Ainsi Cléopâtre lui échappait encore ; et cette ultime consolation de la quitter apaisée, dans la concordance parfaite de leurs deux êtres, il ne l’aurait même pas.

Mais elle continuait à se soulever, à se rebeller contre la mort, effarée de la sentir la plus forte et de ne pouvoir lui arracher sa proie. Et c’était à pleine voix qu’elle se lamentait près du corps agonisant d’Antoine :

« Oh ! quelle chose infâme, se quitter pour toujours ! Ma jeunesse, ma puissance, tout cela n’est rien, ne sert à rien ! Oh ! dérision que je ne puisse avec toute ma vie insuffler mon haleine à cette bouche mourante, ni prolonger d’une seule minute les battements de ce cœur ! »

Elle regarda Antoine ; ses traits de plus en