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CLÉOPÂTRE

« Si tu savais comme je suis heureux ! Jamais encore tu ne m’avais donné autant de bonheur ! Une suavité infinie s’échappe de toi, telle qu’il me semble être dans un monde nouveau où tu m’appartiendrais plus doucement et plus pleinement qu’autrefois. »

Il se recueillit dans la vision d’une béatitude inconnue et reprit d’une voix mieux assurée :

« Rêve ou certitude, chimère ou réalité, qu’importe ? nous nous sommes aimés ! — Et cela me suffit. De la vie je ne regrette rien, car toute ma soif de vivre s’est assouvie dans les délices de ton amour ; et je ne désire rien au delà, car l’éternité, je l’ai comprise et possédée en toi. »

Il ferma les yeux, mais ses lèvres continuaient à sourire. Cléopâtre avec emportement s’écarta de lui :

« Non ! Il est trop tôt pour que tu meures ! Mon âme, à moi, n’est pas satisfaite, et je veux encore goûter avec toi la douceur de vivre. Ainsi, pour avoir entrevu parfois, à travers des voluptés imparfaites, une étincelle du divin foyer, tu crois avoir connu et épuisé la somme des jouissances éternelles ? Ah ! mensonges que