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CLÉOPÂTRE

mon souffle va descendre dans ta poitrine. Déjà mes caresses t’ont ranimé. Il ne faut pas que tu meures… »

Mais de nouveau le triumvir avait perdu connaissance ; et, à genoux par terre, les cheveux dénoués, Cléopâtre se tordait les bras, convulsée tout entière par cette lutte contre la mort où, pour la première fois, elle sentait son impuissance ; des spasmes d’agonie la secouaient, comme si quelque chose d’Antoine se révoltait en elle aussi contre cette mort. Avec la même sollicitude ardente qui lui avait fait défendre à son amant de parler, elle le pressait maintenant, avide d’entendre encore sa voix : et c’était son nom surtout qu’elle répétait avec frénésie, avec rage, comme si elle voulait arracher son amant aux griffes d’une rivale qui déjà l’aurait entraîné à demi :

« Antoine, Antoine, parle-moi, de grâce ; c’est moi que tu as aimée, c’est moi que tu aimes ; dis-le-moi,… répète-le-moi encore ! »

Plus étroitement elle l’enlaça ; sans soulever les paupières, d’une voix de rêve, il répondit :

« Oui, je t’aime. Ta tête sur mon sein, c’est comme un bon rayon de soleil dont tout mon