du triumvir, sous l’épaisseur de sa barbe. Il n’y avait pas de doute : Antoine vivait encore ; maintenant cette barbe soyeuse remuait, soulevée légèrement par l’effort de la respiration.
Cléopâtre colla sa bouche sur la bouche de son amant ; à cette caresse brûlante, le triumvir ouvrit les yeux ; un étonnement réveilla ses traits déjà rigides.
Il voulut parler, mais Cléopâtre le supplia :
« Non, ne dis rien ! Attends que la vie te soit tout à fait revenue… »
Pendant ce temps, Taïa était allée dans une salle voisine chercher des liqueurs et des élixirs ; quand elle rentra, Cléopâtre voulut se lever pour préparer elle-même le breuvage. Antoine, d’une pression presque insensible de la main, la retint contre lui :
« Ne t’éloigne pas, murmura-t-il. Les remèdes sont inutiles. Restons seuls plutôt. C’est ainsi que j’avais rêvé de mourir. »
D’un geste désolé elle congédia ses femmes ; puis, se penchant sur lui :
« Non, tu ne mourras pas ! c’est impossible que tu meures, puisque je t’aime !… Vois, je suis là, et ma vie par mes baisers va passer en toi ;