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CLÉOPÂTRE

la reine, s’éloignèrent, comme c’était l’habitude quand l’esclave favorite venait prendre son service. Elle s’étendit sur une natte devant l’escabeau d’ivoire ; ce grand silence l’impressionnait et doucement elle appuya ses lèvres sur la pointe fine des sandales de Cléopâtre.

La reine ouvrit les yeux ; à voir Taïa couchée à ses pieds elle n’éprouva aucune surprise, et, sans quitter le cours des réflexions qui l’absorbaient si profondément, elle interrogea la Libyenne :

« Pour venir, tu as traversé l’Acropole ? Que se passe-t-il ? Octave est-il déjà entré dans la ville ? — Et Antoine ?… »

Et, comme Taïa, suffoquée par l’étrangeté de cet accueil, tardait à répondre, Cléopâtre poursuivit :

« Paësi a dû guetter le triumvir à son retour au palais, et, s’il est vaincu, lui faire croire que je me suis donné la mort. »

Puis, soupirant :

« N’est-ce pas être morte, en effet, que d’être enfermée dans ce mausolée, loin de toutes les rumeurs humaines ? »

Elle se leva et alla appuyer son front contre