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CLÉOPÂTRE

à celles qu’on élevait à la dévotion des morts dans les hypogées du Soma, qu’elle se trouvait.

Tout d’abord elle n’y distingua qu’une chose : une idole de granit rose qui se dressait dans le fond. Cette idole, la reine l’avait fait tailler à sa ressemblance pour son tombeau ; c’était la coutume des grands d’Égypte d’avoir ainsi dans les syringes une image qui les représentait ; par des prières liturgiques et des formules rituelles le grand prêtre y faisait descendre une émanation d’Horus, le dieu des espérances immortelles. Dans la statue vivait cette parcelle de la divinité ; il était de foi qu’elle y demeurait tant que la statue elle-même restait intacte ; pour l’en faire sortir, il eût fallu briser l’enveloppe de pierre ; alors, comme un oiseau rendu soudainement à la liberté des grands cieux, la parcelle divine allait se perdre de nouveau au sein de l’essence même d’Osiris[1].

Et l’idole souriait sous les rayons multiples de la lumière, qui, descendus de la terrasse ajourée, formaient un nimbe d’or sur sa tête. Elle avait les yeux changeants de Cléo-

  1. Voir note justificative no 42, p. 351.