Page:Bertheroy - Cleopatre.pdf/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
CLÉOPÂTRE

à Cléopâtre. Le Psylle regardait la jeune fille qui marchait près de lui et, dans son cerveau où se reflétait inconsciemment toute la poésie sauvage des espaces, il la comparait aux lianes flexibles, aux jeunes palmiers élancés et forts des oasis natales ; sa chevelure couronnait son front comme les rameaux sombres des cyprès, si touffus que la lumière y pénètre à peine ; ses yeux avaient les lueurs attirantes et mystérieuses des astres qui là-bas se réfléchissaient à la surface polie du Lac des Gazelles — et sa bouche aux lèvres légèrement ouvertes et un peu pâles ressemblait aux pétales à demi déroulés des fleurs d’amandier fleurissant à la lisière des grands bois. La passion lui faisait envisager d’un œil jaloux tous les trésors entassés dans le Mausolée, il rêvait de les changer en un seul vêtement splendide dont la bien-aimée eût été couverte et qu’il aurait, dans la joie de la possession première, jeté comme une défroque inutile aux profondeurs vierges du désert.

Plus vagues, mais non moins ardentes, étaient les réflexions de Taïa. Surexcitée par les émotions de cette matinée, elle avançait