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CLÉOPÂTRE

demander la cause. Paësi seul qui, lui aussi, vivait dans l’atmosphère intime de la reine, aurait pu dire ce qui se passait au fond du cœur de la jeune Libyenne ; la haine du prêtre pour Cléopâtre ne le rendait pas moins clairvoyant que Taïa son amour, et tous deux sentaient se creuser rapidement le gouffre où l’indépendance dernière de l’Égypte devait s’engloutir ; mais ce qui s’exhalait chez le prêtre en colère furieuse contre la souveraine, qui avait ainsi compromis la fortune du royaume, se traduisait chez la jeune fille en tristesses profondes dans l’attente du malheur qui pesait sur la destinée de Cléopâtre.

En effet la situation de la reine était presque désespérée. Dans la lutte qu’elle avait suscitée formidable entre l’Orient et l’Occident elle se trouvait prise, écrasée entre ces deux masses mouvantes et agissantes qu’elle avait cru un instant pouvoir diriger. De son armée, de l’immense armée d’Antoine il ne restait maintenant que quelques tronçons épars composés d’éléments divers et impuissants à se rejoindre sur le signal de leur chef vaincu. Les Galates, les Mèdes, les Gètes et tous les petits peuples