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CLÉOPÂTRE

« Déesse, voici le plus brave de mes hommes, celui dont l’intervention m’a sauvé au milieu du combat et dont la vaillance a excité celle des légionnaires. Qu’il vous plaise de le récompenser selon son mérite ! »

Le soldat avançait gauchement sans lever les yeux. C’était un fantassin de la phalange. La splendeur de Cléopâtre l’éblouissait. Il aurait voulu retourner au Camp Macédonien où ses camarades étaient rentrés avant lui.

Cléopâtre qui souriait répliqua aussitôt :

« Je veux faire don à ce brave d’un casque et d’une cuirasse d’or[1] semblables à ceux de Marc-Antoine ; et, pour mieux lui montrer mon estime, je l’en revêtirai de mes propres mains. »

Puis elle s’approcha de Paësi et lui parla quelques instants à voix basse.

Le prêtre eut un mouvement de surprise.

« Comment, Reine ? murmura-t-il, vous choisiriez, pour le faire passer au camp ennemi, un soldat qui vient de donner de telles preuves de dévouement à la cause d’Antoine ?

— Qu’importe ? reprit Cléopâtre. S’il était

  1. Plutarque, Antoine, lxxxii.