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CLÉOPÂTRE

du sable doré des déserts où s’était écoulée sa première enfance, et que les jeunes fermetés de son corps eussent été durcies par le souffle desséchant des plaines de la Syrte ; sa peau avait la couleur et le vernis des dattes que les esclaves de la Cyrénaïque et des pays voisins venaient chaque année récolter sous les palmiers nombreux d’Augila.

Au palais de Cléopâtre elle occupait une place à part ; c’était elle que la reine gardait à ses côtés lorsque les autres suivantes étaient repoussées ; seule, elle recevait les confidences de sa maîtresse et accomplissait pour elle les missions secrètes. Aussi Taïa était-elle peu aimée par les fonctionnaires du palais qui enviaient son intimité avec la reine, et surtout par les prêtres et les anciens Égyptiens, dont elle blessait à chaque instant les superstitieuses croyances. Au milieu des exagérations du culte, dans une nation qui n’avait subsisté et ne subsistait encore que par l’organisation religieuse qui en était l’âme, elle passait, indifférente aux dogmes, parmi la foule des adorateurs de Sérapis. On ne lui connaissait pas de dévotions particulières ; sa