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CLÉOPÂTRE

de natron et des sources. Enfin on arriva sur le plateau de Pihosem, d’où le regard embrassait un large horizon circulaire : au nord, la côte toute blanche de Parœtonium et la ligne bleue de la Méditerranée ; à l’ouest, l’étroite vallée du Sylphium et plus près, dans une forêt de palmiers et de térébinthes, l’oasis d’Amon, au milieu de laquelle s’élevait, comme une autre végétation de granit, le temple immense du dieu qui renfermait toute une ville dans sa triple enceinte. C’était le salut, la terre promise où les gosiers altérés s’abreuveraient de l’eau des sources avant de reprendre la route d’Augila.

Maintenant on marchait sur un sol anciennement occupé par la mer ; à la surface affleuraient des éclats de bois fossiles pétrifiés ; des coquilles desséchées d’huîtres et de moules, des carapaces de tortues s’écrasaient avec bruit sous les pas des chevaux ; quelquefois des débris de navire, des figures de dauphins posées sur de petites colonnes brillaient à travers le sable ; c’étaient des offrandes faites à Neptune par les matelots cyrénéens que les vagues avaient rejetées jusque-là ; les esclaves