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CLÉOPÂTRE

secouru : une pluie abondante, comme il n’en tombait presque jamais dans cette contrée désolée, avait sauvé d’une mort certaine l’illustre pèlerin et sa suite[1]. Pourquoi la divinité, qui tant de fois s’était montrée favorable à Cléopâtre, ne renouvellerait-elle pas en faveur de ses serviteurs le même miracle ?

Mais les soldats, à mesure qu’ils faisaient abandon de leur vie, sentaient diminuer leur foi aux superstitieuses croyances ; aussi renvoyaient-ils les eunuques avec des paroles brutales ; quelques-uns même les menaçaient de leur longue épée, en les appelant maudits fourbes et diseurs de mensonges.

Alors Taïa vint au milieu d’eux ; froidement, en peu de paroles, elle ordonna aux esclaves d’apporter les provisions de fruits. Les lourdes corbeilles furent entr’ouvertes et l’or des citrons et des mandarines, la peau luisante des pommes et des poires cueillies dans les vergers fertiles d’Éleusis, étincelèrent. Taïa, d’un geste, montra aux soldats toutes ces richesses.

« Il y a là, dit-elle, autant de ressources

  1. Plutarque, Alexandre, xxxvii.