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CLÉOPÂTRE

plet et les fuyards avaient juste emporté ce qu’ils auraient consommé eux-mêmes jusqu’au terme du voyage.

Mais tout à coup, à l’arrière du campement, des cris de désolation et de fureur se firent entendre ; les outres qui restaient avaient été percées ; pendant la nuit, l’eau qu’elles contenaient était tombée goutte à goutte dans le sable aride et il n’en restait nulle trace.

Donc, là encore, la trahison s’était glissée. Un profond découragement s’empara alors des hommes ; sans même vouloir rejoindre leurs tentes, ils se couchèrent ; et ils murmuraient entre eux que mieux valait mourir dans les sables que de continuer sans eau la traversée du désert. Au loin, des blocs rocailleux, semblables à des stèles funéraires, s’élevaient ; — et les rides profondes du sol, ondulant à l’infini, formaient comme des plis de suaire.

Pour essayer de secouer cette inertie, les eunuques parurent ; ils racontèrent que pareillement le grand Alexandre avait été surpris par la disette d’eau presque à la même place, lorsque, parti de Parœtonium, il était venu consulter l’oracle d’Amon ; les dieux l’avaient