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CLÉOPÂTRE

vane avançait au milieu des mélopées monotones dont les vibrations allaient se perdre dans les plages lointaines du désert.

Le soir, quand la lune s’élevait doucement derrière les montagnes de sable, on faisait halte ; alors les eunuques racontaient l’histoire mystique des astres ; ils disaient la gloire incommensurable de Sirius et les migrations perpétuelles des étoiles : le ciel était rempli d’hypogées où dormaient les constellations éteintes, attendant pour briller encore l’incarnation nouvelle des dieux sidéraux.

Ainsi l’harmonie et le bon ordre étaient à peu près maintenus, lorsqu’un matin, au réveil, les soldats de la légion cherchèrent vainement dix de leurs compagnons, les plus vigoureusement montés ; sans doute, las des fatigues de la route, ils avaient fui avec leurs chevaux en ligne directe vers le cap de Leuce-Acte et la mer. En même temps les esclaves chargés de la distribution des vivres venaient en courant dire que deux des grandes outres remplies d’eau du Nil avaient disparu. Un instant la consternation fut vive, mais on se rassura promptement ; le mal en effet n’était pas com-