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CLÉOPÂTRE

sol l’ombre vénérée de nos Pyramides. Déjà Alexandre II avait légué l’Égypte aux Romains, et, n’eût été l’intervention de Mithridate Eupator, le royaume devenait province romaine ; Cléopâtre se chargera d’accomplir les désirs de son aïeul : tu verras avant peu les aigles détestées du Latium remplacer au fronton de nos temples les ibis saints. Déjà les villes sacrées sont désertées ; à peine une fois par an va-t-on adorer à Thèbes le dieu Amon sous le symbole du bélier immolé ; Memphis, plus désolée encore, ne sort de sa léthargie que pour l’intronisation d’un nouveau souverain ; et c’est à Alexandrie, où s’élèvent à côté de nos temples les sanctuaires de toutes sortes de divinités étrangères, que réside maintenant le siège du royaume d’Égypte.

— Heureusement pour ce royaume qu’il en est ainsi ! devrais-tu dire. Sans le double port d’Alexandrie où viennent se déverser à flots les richesses des autres nations, il y a longtemps que l’Égypte serait abandonnée, sinon oubliée. Voudrais-tu voir revenir l’époque où la ville de Naucratis[1] était le seul point abor-

  1. Voir note justificative no 1, p. 281.