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CLÉOPÂTRE

« Viens à ta demeure, excellent souverain, ô Sérapis ! Viens à ta demeure et réjouis-toi. Tes ennemis sont anéantis et tes deux sœurs sont auprès de toi en sauvegarde de ta personne sacrée ; tu vois leur tendre sollicitude. Viens, ô viens ! parle, ô Chef suprême ! Détruis les angoisses qui sont dans nos cœurs. »

Ainsi elles s’alternaient sur le même rythme monotone, où toujours les mots : « Viens à ta demeure », revenaient comme l’appel suprême de leur désir ; tandis que Cléopâtre, debout devant le dieu, continuait à lui caresser les lèvres de ses doigts souples. L’obscurité commençait à gagner le Temple qui se remplissait d’une atmosphère mystérieuse. Dans le fond luisaient seulement comme deux points d’or les yeux de l’urœus sacré dressé sur le naos de sa barque.

Au bout d’un moment, Paësi joignit les rideaux d’hyacinthe qui voilaient le troisième compartiment du Temple ; les hiérodules se turent, car l’oracle allait parler, et les Prophètes, derrière le voile fermé, se prosternèrent. Mais le Chef des prêtres et Cléopâtre avaient été seuls à entendre les paroles du dieu.